QUEL EST LE PREMIER SOUVENIR DE VOTRE RENCONTRE TOUS LES TROIS ?
AURÉLIEN - On est amis depuis bientôt 20 ans, et ça fait 10-15 ans que l’on développe la marque ensemble.
J’ai rencontré Laurent à mon premier jour d’entrée au lycée, et Laurent a rencontré Sari à son premier jour d’entrée à l’université.
COMMENT EST NÉE LA PREMIÈRE MONTRE FOB ?
AURÉLIEN - Pour la première montre FOB, on a décidé de se lancer ensemble dans le développement d’une montre gousset. On avait eu en main une ancienne montre de gousset, on trouvait que cet objet était très intéressant, mais on voulait le moderniser. Ça nous paraissait accessible et en même temps compliqué, ce qui nous attirait aussi. S’en est ensuite suivi le développement de la R100. C’est à ce moment-là qu'on a travaillé avec beaucoup d’artisans pour essayer de développer une technique permettant de porter la montre R40 au poignet. On a créé un nouvel objet, singulier, de particulier, aussi bien dans le milieu de l’accessoire de mode que du bijou.
SARI- La création de cette première montre reflète bien la philosophie que nous développons depuis le début, en acceptant les choses telles qu’elles viennent, et en se laissant entraîner comme un mouvement d’engrenage en entraîne un autre, en se disant qu’à la fin, on arrive à quelque chose qui va tourner et nous faire avancer. Aujourd’hui, c’est un peu notre fil conducteur et la façon dont on va dessiner, créer. C’est aussi par exemple accepter d’aller sur des chemins tels qu’ils s’ouvrent à nous et qui n’étaient pas forcément calculés, planifiés, mais qui nous ont fait produire des trucs extraordinaires.
QUE VOUS ÉVOQUE LA VILLE DE PARIS ?
SARI - Paris c’est là où l'aventure FOB a commencée pour nous 3.
Paris pour nous c’est aussi beaucoup le quartier des Arts et métiers, le Marais, c’est là où on a participé à nos premières Fashion Week. C’est le Musée des Arts et Métiers où il y a toutes ces inspirations techniques, le Centre Pompidou juste à côté où on s’est pour la première fois ouverts à l’art, à la création etc… Ce sont toutes ces influences là que l’on retrouve à Paris, et encore plus spécifiquement dans le quartier de la boutique FOB PARIS, qui s’appelle d’ailleurs le "quartier de l’Horloge » ! C’est ici que l’on a rencontré nos premiers horlogers. Il y a encore aujourd’hui énormément d’artisans ici. On ne le voit pas forcément en marchant dans les rues, mais derrière toutes les portes cochères il y a de nombreux d’ateliers avec lesquels on a travaillé, avec lesquels on a appris les premiers savoir-faire.
Et enfin, Paris c’est aussi la ville où on a vécu pas mal de choses ensemble, où on s’est pas mal amusés !
QUELS SERAIENT LES ADJECTIFS QUI DÉFINISSENT FOB PARIS AUJOURD’HUI?
SARI - Si on doit décrire FOB, je dirais que c’est une marque indépendante, poétique et technique.
COMMENT CRÉEZ-VOUS UNE HORLOGERIE CONTEMPORAINE ?
LAURENT - En s’affranchissant des codes existants dans l’horlogerie - qui ont un peu mené l’industrie à un mimétisme à travers toutes les marques. La première chose que l’on voulait faire, c’était réinstaller des nouveaux codes (design, esthétique, images) et se créer un ADN propre, en respectant bien sûr parfaitement la technicité et la qualité des
produits. Et ensuite, il y a la créativité : toujours essayer d’apporter quelque chose, redéfinir le produit horloger comme un produit créatif qui se porte comme un bijou, qui fait encore rêver les gens, et les fait voyager à travers une nouvelle histoire. C’est vraiment s’inspirer du passé et d’une industrie horlogère déjà bien implantée- pour inventer une nouvelle horlogerie du futur.
COMMENT RETROUVE-T-ON VOS INSPIRATIONS À TRAVERS VOS COLLECTIONS ?
AURÉLIEN - L’univers de notre marque est très lié à la science-fiction, au mécanisme, aux rouages. Pour nous, le mécanisme automatique représente quelque chose de fascinant tout simplement parce qu’il se suffit à lui-même, il n’a pas besoin de piles. On a juste à porter la montre, et la montre tourne d’elle-même. C’est très poétique. Pour des raisons esthétiques, le mouvement squelette était évident pour nous. Intégrer un mouvement automatique et ne pas le laisser entrevoir ses rouages, c’était un peu dommage.
On s’attache également à développer un esprit minimaliste : le noir, très présent dans nos collections, nous évoque la sobriété, l’élégance. Il fait également référence à un univers parfois plus dystopique.
QU’EST-CE QUI VOUS PASSIONNE DANS L’HORLOGERIE ?
SARI - Pour nous, il y a deux choses importantes dans l’horlogerie. Il y a le côté « accessoire de mode », c’est ce que tu vas porter au poignet. Et il y a le côté plus poétique, le rapport au temps. On a tous les 3 fait des études d’ingénieurs, on a fait beaucoup de physique, on a approché le temps comme objet d’études. Travailler le temps comme matière première, imaginer comment le représenter avec un objet, l’idée nous a très vite fascinée.
Ce sont ces deux façons de percevoir l’horlogerie que l’on retrouve dans notre travail aujourd’hui.
LAURENT - Chacun des modèles que l’on crée, et c’est aussi pour ça que l’on a choisi l’horlogerie, sont des modèles qui doivent durer dans le temps. Il n’y a pas un produit qui va être créé pour disparaître au bout d’un an ou deux. C’est ça qui nous plaît dans l’horlogerie, c’est une industrie du temps long et c’est quelque chose qui nous inspire énormément. À chaque fois que l’on crée un modèle, l’idée c’est de le faire évoluer dans le temps, ou de s’en inspirer pour un autre modèle, comme ce qu’il s’est passé avec la montre de gousset, qui a ensuite inspiré toutes les collections qui sont venues après.
QU’EST-CE QUI VOUS DRIVE ?
LAURENT - Depuis le début, on est passionnés par le produit, par la technique et les différentes spécificités qu’on a découvertes sur ces 10 ans. On a pu travailler dans les ateliers Chanel, on a pu travailler avec des artisans incroyables à travers le monde. Ce qui nous drive, c’est de toujours repousser les limites de la faisabilité à travers le medium horloger. Et puis ensuite, c’est l’aventure humaine entre amis. De travailler un projet commun et de voir chaque année comment il grandit, de voir qu’il y'a de plus en plus de répondant et d’adeptes de la marque, ça nous enthousiasme et ça nous incite à poursuivre à la fois dans notre créativité, dans notre apprentissage de l’horlogerie de la bijouterie de la joaillerie.
COMMENT VOTRE PASSÉ INSPIRE-T-IL VOTRE FUTUR ?
SARI - On est tous les trois ingénieurs, on a depuis toujours cette appétence pour la technique et ces quelques bases qui nous ont aidés à développer nos premiers modèles. Et même si aujourd’hui on fait des choses très différentes, on a toujours gardé une main sur tout le processus de développement produit et de production, où depuis le début on travaille de manière très proche avec les usines.
QUELLE MONTRE RÊVERIEZ VOUS DE CRÉER ?
LAURENT - L’idée serait d’aller au-delà de la montre et d’aller presque dans l’art cette fois-ci, en créant un objet FOB qui dépasse la montre, un objet plutôt monumental.
C’est ce qui nous ferait rêver dans les quelques années à venir. L’idée est vraiment d’utiliser l’horlogerie comme médium qui va au-delà du poignet et qui habillerait les intérieurs, pensé comme une sculpture.